Le nouveau numéro de la revue lacanienne « Horizon » avec le texte que j’ai écrit pour le Vecteur Lectures Freudiennes (Traduire Freud)

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Vous pouvez commander ce Nouveau Numéro de la Revue Psychanalytique Horizon ouverte aux multiples horizons culturels. Ce Numéro est riche des signifiants nouveaux de notre époque, circulant, entre autres, sur les réseaux sociaux. Entre éruptions dehors et irruptions dedans.. . En éclat final, un magnifique texte du très regretté Serge Cottet : Éloge de lʼanalyse en langue étrangère 💗 https://www.ecf-echoppe.com/pro…/eruptions-dans-la-langue/

Éruptions dans la langue – ECF Echoppe

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Fin d’Analyse

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Parution le 31 Mars en édition bilingue des 3 derniers Ecrits de Freud
Merci à Erès Scripta d’avoir publié le fruit de notre désir décidé et de notre travail assidu 🍀
Revenons à Freud, toujours et encore !

Fin d’analyse par Suzanne Hommel

Trois textes majeurs de Freud traduits sous la responsabilité de  Susanne Hommel

avec le collectif de traducteurs : 

Niels ADJIMAN, Susanne HOMMEL, Christine HYOT, Jérôme KIEFFER,

Michèle LABOUREUR, Brigitte LEHMANN, Nathalie MENIER, Patrick STOESSEL

En Librairies !

Dans « ma » librairie (la plus proche) -Comme un roman- , au 1er étage, celui d’ouvrages un peu plus spécifiques qu’au rez de chaussée, je l’aperçois, en bonne compagnie (logique) ! ..
Une rencontre à la librairie Libralire autour de la nouvelle traduction des trois derniers écrits de Freud le 18 mai à 20h30 🍀
https://www.ecf-echoppe.com/parution-du-livre-de-suzanne-hommel-fin-danalyse/

Vous pouvez le commander ci-dessus et dans de nombreuses librairies

Une pudeur éblouissante

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Plaisir de trouver dans ma boîte à lettres ce nouveau « Confluents » avec mon texte « Une pudeur éblouissante » d’après une toile de Gerhard Richter/ Ema (Akt auf einer Treppe..Nu sur un escalier)..ainsi que de nombreux autres 🍀

Couverture : conception et photo : Marie Devroëde….Adaptation, moulage à partir de « Feuille de vigne femelle, Marcel Duchamp, 1950-1951 !

Vous pouvez le commander à présent ci-dessous :

Attentat dans la cuisine

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Flowers for Panza by Lawrence Carroll

par Brigitte Lehmann

Suite au thème fondamental des 50èmes Journées de l’ECF : « Attentat sexuel » et en écho aux attentats « dans tous leurs états » auxquels nous assistons, de près ou de loin, en ce début de 21è siècle, qu’ils soient terroristes, sexuels au pied de la lettre, pandémiques ; j’ai emprunté le signifiant -Attentat- pour qualifier ce qui m’arrive, jusqu’à le loger dans le titre. Je me suis cantonnée à tenter d’écrire sur un plan subjectif et singulier l’expérience que je traverse, sans considérations scientifiques ou médicales et d’en témoigner en m’étayant sur des références à la psychanalyse, la peinture et la littérature. Une fois écrits, je réalise que mes affects ont suivi dans leur temporalité, la triade freudienne : Schreck, Furcht und Angst/ Effroi, Peur et Angoisse. Ces trois termes illustrent le travail d’élaboration psychique défini par Freud1 : « […] leur rapport au danger permet de bien les différencier. Le terme d’angoisse désigne un état caractérisé par l’attente du danger et la préparation à celui-ci, même s’il est inconnu ; le terme de peur suppose un objet défini dont on a peur ; quant au terme d’effroi, il désigne l’état qui survient quand on tombe dans une situation dangereuse sans y être préparé ; il met l’accent sur le facteur surprise […] ». Ce qui suit essaie d’en rendre compte.

1) Petite chronique d’un unheimlich annoncé

Au soir du 11 septembre 2020, frigo vide, il est tard, j’opte pour un mets japonais assorti d’une salade de chou, ça fera un repas complet. Les sushi sont dans l’assiette. J’ai un peu faim sans plus. Saumon, thon sur riz blanc, maki avec algue.

a) Effroi

Saumon […] Thon […] Riz […] Algues […] Chou […]. Après chaque point d’orgue signalant un suspens du temps, Rien. Plus Rien n’a d’odeur ni de saveur. Le point d’arrêt domine la scène.

C’est arrivé comme ça subitement, sans crier gare. Toute auto-censure lâche, l’espace d’un instant je suis prise de frayeur. Mes repères confortants se défont. Sur le coup, face à ce réel qui fait effraction, c’est l’effroi, je suis sur le carreau, le souffle essoufflé. Hilflos. C’est rien de le dire.

« A contre-sens », contre le(s) sens : contre les sens dits communément de « l’odorat et du goût » et aussi contre le sens (hors-sens).

Un mécanisme de défense s’invite alors à ce dîner : je re-situe le lieu où j’ai acheté ces sushi et la pensée me traverse que ce n’est pas la première fois que je me dis que ce Sushi-Shop là précisément est à éviter, je tente alors de symboliser cet événement en lui donnant une signification parce que je ne peux ou ne veux pas m’imaginer avoir perdu ces deux sens. D’une prise de distance défensive à une autre, d’un 11 Septembre à un autre, hors de toute comparaison car l’association d’idées porte exclusivement sur la date et le rien n’en vouloir ça-voir : je revois tout à coup en arrière de la pupille, les tours jumelles (Twin Towers) du tableau de Gerhard Richter : September , mettant en scène l’attentat à New York du 11 septembre 20022. Instantanément, je n’avais pas « vu » les tours. La technique d’estompage de Richter, sur un plan imaginaire, brouille les pistes du réel. Tel l’effet de « dompte-regard 3», dans la peinture, j’y ai vu un ciel lumineux et intense, une certaine recherche du beau pour ne pas voir le réel ab-horré. Dans un processus similaire sur un plan symbolique, mes pensées brumeuses, par essence trompeuses, se sont dirigées vers le Sushi-Shop, aux fins de recouvrir par des mots qui ont un sens, quelque chose de l’ordre d’un non-sens.

Puis […] je me remémore, cet instant fugace au déjeuner, une sensation d’une certaine fadeur des pâtes-sauce tomate, à peine remarquée sur le moment. Comme si une représentation, sorte de frappe initiale, de Prägung/imprégnation imaginaire 4 faisait retour, nachträglich. Je saisis alors que mes élucubrations défensives dues à la résistance du refoulement sont sans fondement car dans les médias, on entend à l’envi les dernières nouvelles du Covid-19 et j’ai sur le bout de la langue les termes Anosmie-Agneusie : signes cliniques caractéristiques et sans faille du diagnostic de la maladie.

b) Peur

Une peur panique

L’objet en question est un « mauvais objet »  comme le dit tout bas s’adressant les yeux dans les yeux à un journaliste et avec un accent de sincérité Bruno Lemaire touché par le Covid : « c’est un mauvais virus ». Je me précipite animée d’un mauvais pré-senti-ment, j’ouvre tous les placards de la cuisine, de la salle de bain, à l’affût de la moindre perception odoriférante. Néant et ab-sens. Je ne peux plus me voiler la face. Les voiles du symbolique, de l’imaginaire se déchirent, dénudant le réel. La vérité crue dévore l’espace. Le ciel a changé. Atterrée. La chute est abrupte, la déflagration violente, je bascule dans le vide de(s) sens.

Derrière la peur

Je relis les mots dits de la quête éperdue de mes sens disparus et je les relie à ceux de M. Blanchot5 :

« […] Attente d’un malheur non pas à venir, mais toujours déjà survenu […] »

Le caractère effréné de cette recherche du perdu fait-il écho au Wiederholungszwang/automatisme de répétition de l’ « Au-delà du principe de plaisir » freudien, eu égard au retour du trauma refoulé originaire de l’objet foncièrement perdu, à l’urverdrängt, à quelque chose qui ne cesse pas de ne pas s’écrire ?

Exil des sens et du sens.

Ce virus a a-ttenté à mon intégrité physique, sensorielle, au narcissisme, c’est un a-ttentat non seulement neuronal, il m’a « pris » ces deux sens  essentiels , ressentis comme tels surtout une fois perdus. En état de veille anxieuse, me parviennent les alertes mortifères circulant dans les media, invoquant des « orages de cytokine » au 7ème jour environ après la « mauvaise rencontre » avec le virus.

Je m’attends à quelque chose d’ attentatoire , même de cruel tel le « mauvais » objet incriminé, mais peu à peu l’objet en soi perd une certaine consistance et en filigrane, c’est le trait « mauvais » qui « prend le relai ». Dans une certaine mesure, je m’y attends tout en m’en défendant, en en refusant l’idée. Une attente qui me semble correspondre à l’Erwartung freudienne reprise par Lacan6, où le préfixe allemand –er– pointe l’obtention non sans effort du résultat escompté, en ceci qu’il s’agit de « la constitution de l’hostile comme tel, le premier recours au-delà de l’Hilflosigkeit ».

c) Angoisse

Au lendemain de cette nuit blanche dans l’obscur, à l’orée du jour, des larmes ont pris la relève, au plus intime de l’être. Comme si on avait soudain7 éteint la lumière, appuyé brutalement sur l’interrupteur, comme si j’avais été séparée du monde extérieur, comme dans la série des flous de Gerhard Richter, comme si une vitre s’était inter-posée entre moi et les autres.

Petit à petit, chemin faisant, cette perte de(s)  sens  laissa entre-voir à travers une « lucarne »8, ou l’encadrement d’une fenêtre, la représentation d’une séne-scence mortifère se profilant à l’horizon.

L’ennemi est là quelque part mais demeure invisible, tapi dans l’ombre, auréolé d’une dimension d’inconnu, d’incertitude, d’insu qui enserre face à cette pandémie mondiale inédite. Il frappe mais on ne sait pas exactement où, ni quand, ni comment ; selon le concert dissonant, lancinant, empreint de variations divergentes et tournant en boucle sur toutes les chaines radio-télévisées, il expose au danger d’aggravation soudaine, de résurgence, de persistance à long terme des symptômes. Il met en scène l’angoisse, signal d’une perte d’un objet précieux. Cet affect d’angoisse qui ne trompe pas, index du réel, rend l’a(A)utre menaçant, tenu à distance, susceptible de frapper une deuxième fois à l’aveugle selon plusieurs cas avérés. Mise à distance en regard des mesures de réduction des contacts sociaux, confinement collectif oblige, je déambule retranchée dans ma tour d’y-voir, dans mon for intérieur : dans cette part latente du registre du Ge-heim-nis/secret, ayant à voir avec le Heim/ le foyer, la maison, le heimlich/ le familier : « Cet hôte […] ce n’est pas le heimlich, ce n’est pas l’habitant de la maison, c’est de l’hostile amadoué, apaisé, admis […] jamais passé par […] les tamis de la reconnaissance […]. C’est le surgissement de l’heimlich dans le cadre qui est le phénomène de l’angoisse »9.

L’unheimlich/étrange(r), d’autant plus étrange qu’il ne gît pas « à l’intérieur » tout en le contenant et de manière éclatante au cœur même du mot allemand freudien un-heim-lich /l’ inquiétante étrangeté. Dedans-dehors liés.

Ce qui advient occupe une grande part de mon espace psychique, c’est là que ça se passe, ça me submerge, tout le reste perd un peu de son attrait. Comment retrouver le goût des choses ? A la fois réfugiée dans un intime où l’inquiétant joue sa partition, exclue du dehors, un double confinement en somme. J’ai cent-ans.

Des larmes à d’autres larmes et d’un trauma personnel à un trauma collectif touchant quelque chose du trou, de l’indicible, me revient tout à coup à l’esprit le lieu-et-l’instant précis lorsque je passai en voiture le long de la seine rentrant à mon domicile suite à l’annonce de l’attaque terroriste perpétrée contre le journal satirique Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 à Paris. La Tour Eiffel était bien là, encore debout, elle ne s’était pas effondrée, brillant de ses tous ses feux agalmatiques dans la nuit, droite sur ses jambes de fer. La voyant intacte, les larmes me vinrent aux yeux, comme si à travers elle et le symbole qu’elle représente, quelque chose du corps et de l’âme de Paris, de son intégrité avait été ébranlé, comme si elle incarnait un être de chair touché en plein cœur et avait perdu une part inénarrable du vivant de la vie.

2) L’instant Cumin

Un jour, suivant avec assiduité les protocoles de « rééducation olfactive »10avec leur arsenal d’huiles essentielles et d’épices, je m’écrie à l’envi : O Cumin ! Pour la première fois depuis le silence des sens, je perçois à nouveau un parfum ! Presque une révélation, une jouis-sens, presque une extase sensuelle m’évoquant la Madeleine du Caravage, ou la bienheureuse Sainte Marguerite-Marie Alacoque en adoration du Sacré-Coeur de Jésus11. En prise à un espoir non sans lien avec le dés-espoir, je fais les  cent-pas  ( pas sans) dans le salon sans lâcher l’épice miraculeux maintenu sous l’orifice des narines.

3) Le dit cerveau me joue-t-il des tours ?

Habituellement c’est le jeu de l’inconscient. Là, il s’agit d’ « un processus de pensée » étrange, à chaque fois concernant des lieux et mets différents de l’Avant-Covid, mais au fil du temps avec une durée de réaction de plus en plus brève : lors d’une conversation téléphonique avec un proche au sujet d’un lieu où il a habité, j’évoque tout à coup un restaurant parisien que nous avions apprécié pour la finesse, l’inventivité, la saveur, et l’art émanant de leur plats, et je vais même jusqu’à lui dire qu’on pourra y retourner. Quatre heures environ après la discussion, je réalise brusquement que pour le moment il ne peut être question d’y retourner et pour cause ! Passons sur d’autres exemples similaires qui s’en suivirent. Je ne saisis pas bien le processus, pourtant je « sais » bien que je ne ressens presque plus rien côté parfums et saveurs. Est-ce en rapport avec le psychisme, tel un effet d’après-coup supplémentaire du trauma initial ? Une pente vers une certaine jouis-sens perdue ou a-venir ? Une réminiscence du côté de la Madeleine de Proust ? Un décalage temporel entre la mémoire olfactive12 et la réalité des symptômes, comme si le « cerveau » avait associé le nom du restaurant et de ses mets à des saveurs «  stockées » dans la mémoire, comme dans une bibliothèque pérenne ? Peut-être la coalescence de ces « causalités » et d’autres encore.

4) Evanescence-Evanaissance/sens etc

Après le parfum du cumin, me reviennent d’un pays lointain des effluves par intermittences, certaines saveurs refont légèrement surface l’espace d’un instant, puis disparaissent. Comme dans un battement lorsqu’on allume puis éteint la lumière, elles sont là, elles ne sont pas là. Je les traque à la trace ces petits signaux lumineux qui clignotent. Dans ce temps suspendu je cherche le pays de ma présence à un corps sensible. Rêve éveillée du parfum de la rue parisienne, de la brise marine, du Pumpernickelde mon enfancedont je perçois quelques notes subtiles .

« Néanmoins » de ce repli dans mon Innenwelt clos, éclora peut-être, quelque chose de nouveau. Poursuivre le voyage dans les-sens de la vie. Attraper au vol les mots de Quignard : « Penser n’est pas une fonction de l’esprit. C’est un sens du corps. A la vérité il y a quatre sens de l’esprit. Rêver, lire, penser, méditer ». Ecrire m’a permis d’élaborer dans le corp(u)s des mots, leur  motérialité et leur saveur, les différentes phases par lesquelles je suis passée.

L’é-cri silencieux. Dé-crire dé-sidère. Le verbe  desiderare signifie en latin littéralement : regretter l’absence, la perte de quelque chose […] mais les mots écrits peuvent aussi parfois faire sortir de la sidération. « L’odorat est le sens de l’imagination »13.

1 Freud S. Essais de psychanalyse, Petite Bibliothèque Payot, Ed. Payot, 1981, Au-delà du principe de plaisir (1920) (Jenseits des Lustprinzips) chap. 2 p 50

2 Par un clic sur ce lien, on voit le tableau de G Richter « September »https://lacanfreuddotcom.wordpress.com/ex-positions-3/

3 Lacan J. Séminaire XI , Seuil 1973, chap. IX « Qu’est ce qu’un tableau ? » p 124 et p 126

4 Lacan J. Ecrits 1, Points, Ed. Du Seuil 1966, p 19

5 Blanchot M. L’écriture du désastre, Gallimard, nrf, 1980, p 40

6 Lacan J. Séminaire X, L’angoisse, Seuil 2004, chap VI « Ce qui ne trompe pas » p 91

7 «Soudain, tout à coup,toujours vous trouverez ce terme au moment de l’entrée du phénomène de l’unheimlich » :  Lacan J. Séminaire X, L’angoisse, Seuil 2004, chap VI « Ce qui ne trompe pas » p 90 

8 « Le magistral unheimlich de l’allemand, se présente par des lucarnes. C’est encadré que se situe le champ de l’angoisse. » : Lacan J. Séminaire X, L’angoisse, Seuil 2004, chap VI « Ce qui ne trompe pas » p 90 

9 Lacan J. Séminaire X, L’angoisse, Seuil 2004, chap VI « Ce qui ne trompe pas » p 91

10 Association Anosmie.org

11 Lacan J. Séminaire X, L’angoisse, Seuil 2004, chap XV p 234

12 « Il existe une mémoire olfactive, notre cerveau associe ce que l’on voit ou entend à des odeurs, ça peut prendre du temps avant de réaliser ce qu’il s’est passé » Jean-Michel Maillard, Président de l’Association Anosmie.org

13 Jean-Jacques Rousseau

LE TEMPS SUSPENDU par Brigitte Lehmann

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LACAN QUOTIDIEN N° 866

LE TEMPS SUSPENDU

Avant que le Coronavirus ne soit nommé Covid-19 et lors de la commémoration du 50ème anniversaire de la mort de Paul Celan le 20 Avril 1970 , j’ai pensé au titre énigmatique de son poème : Corona1. Une des définitions de ce mot me paraît, jusqu’à un certain point, entrer en résonance avec la crise sans précédent que nous vivons aujourd’hui, et me porte à emprunter la voie de la musique. En prise avec le silence que l’horreur post Shoah imposa, Celan trouva des mots, de plus en plus cryptés et réduits à leur musicalité, débouchant sur une suspension du langage, notamment à travers une de ses figures de style : le Point d’orgue. Corona signifie précisément « Point d’orgue », ou « Point couronné » en italien ! En musique, le Point d’orgue est un signe en forme de point, surmonté d’un demi-cercle, dont la fonction est de prolonger la durée d’une note ou d’un silence, et de produire une suspension passagère du tempo2. L’instrument de musique tient la note sans limitation de durée, variable selon l’exécutant. Métaphore d’une pause dans la succession d’évènements rapides, suspension du temps mais pas arrêt, auquel cas le signe est de forme carrée. Ce temps suspendu, aux coordonnées évidemment strictement autres que celles liées à ce poème, donne le ton dans une certaine mesure, et sur un registre mélodique, de la suspension temporelle, subjective et singulière, de ce que nous traversons durant la crise du Coronavirus : un virus dit à couronne car vu au microscope il est rond, entouré de protubérances, comme une couronne !

Temporalité intemporelle

Le surgissement de cette crise sanitaire mondiale inédite qui a plongé chacune et chacun dans une torpeur, une hébétude, une angoisse, une Hilflosigkeit, une sidération palpable au fur et à mesure du chiffrage des morts, peut évoquer cette suspension temporelle, cette pause métaphorisée par le point d’orgue « Corona ». Comme si le temps ne s’arrêtait pas mais se figeait, s’étirait en continuum, suspendu sur une note tenue, variable dans sa tonalité et sa durée selon chaque sujet confiné dans son for intérieur. Comme s’il ne correspondait pas au fil du temps de la réalité extérieure se déroulant en phase avec tous les évènements de la crise en cours. Cette double temporalité me rappelle le « dédoublement temporel »3 dans une séance d’analyse, où J.A Miller décrit le temps de l’analysant comme « subjectif..tout affectif..singulier », tandis que l’analyste est « hors de ce temps-là » et « reste dans le temps objectif..commun ». Ce temps de la séance à durée variable, « une durée spéciale en ce que rien ne se passe..un laps sans événement extérieur », possible écho au point d’orgue célanien, à ce temps suspendu, tel des points de suspension dans l’espace intime du sujet.

Contre-langue

Celan s’impose la contrainte d’écrire en allemand ses poèmes et de traduire ceux des autres dans une « contre-langue »4 afin de contrer la langue allemande qui lui coupe le souffle. Il met l’accent sur la musicalité au détriment du récit, aux confins de la poésie pure réduite à « de simples effets acoustiques, ruinant le sens par le son. Le poème devient sans intention, léger et presque chantable, ne voulant être rien que du souffle, du son, figure de lumière »5. Les mots se vident de leur sens.

Dé-nouage du son et du sens

Ces vers du poème Corona : « Dans le rêve on est endormi, La bouche parle sans mentir, Mon œil descend vers le sexe de l’aimée, nous nous regardons, nous nous disons de l’obscur » résonnent tels une tentative de dire la vérité (La bouche parle sans mentir) ; et par un sublime oxymore (nous nous disons de l’obscur), tel un heurt contre le mur du langage d’un son pouvant s’étirer jusqu’au silence, finissant sa lancée sur l’impossible à dire. Celan le sait, cet exilé du langage. De fait « La dire toute, c’est impossible matériellement : les mots y manquent. C’est même par cet impossible que la vérité tient au réel »6. La note tenue dans le point d’orgue joue sa partie faisant signe au réel, sur lequel nous butons aujourd’hui avec ce virus, sur cet impossible à supporter de ce qui a à voir avec le réel, avec l’inconcevable de la mort. Divers processus psychiques sont à l’oeuvre, refoulement, dé-ni ..Ne pas voir, ne pas entendre, le symbolique se débat dans cet incommensurable, sans vraiment trouver d’issue. Et dans ce contexte d’insu vis à vis de cet inconnu, les sachants, les scientifiques devant cette pandémie mondiale, ne peuvent qu’avancer certaines hypothèses. Cependant, nous pourrions faire un parallèle avec Mallarmé7 citant chez certains, « la haine de l’obscur » qui tient à ce que « l’obscur est en chacun extime, que chacun sait bien avoir affaire en lui-même à une part obscure, une part obscure qui le dévore, et que tous ces bavassages sur l’utilité directe, et sur la clarté qui s’impose à la science..sont faits pour voiler, pour bercer, pour étouffer.. » Mais les voiles du Symbolique et de l’Imaginaire sur le Réel se déchirent, la Verwirrung : dé-sarroi et le dé-sespoir dans le contexte actuel, sont en « La Majeur » ! On est tombé des nues, le ciel nous est tombé sur la tête, quelque chose en « dé » se dé-fait du nouage entre Réel, Symbolique et Imaginaire, le réel est dé-nudé

En sourdine

Une autre musique fait chambre d’écho à ce surgissement de ce qui relève du réel ou d’un imaginaire réel. Freud est confronté à une angoisse de mort eu égard à la détérioration de son état de santé, au vieillissement et à ce qu’il nomme « l’abandon par le surmoi protecteur »8, justifiant sa « carapace d’insensibilité », superbe métaphore au début de sa lettre adressée à Lou Andreas-Salomé9, retranscrite en intégralité dans le film « Freud, un juif sans Dieu »10. Freud précise : « il s’agit d’un tour décisif dans les relations entre les deux pulsions dont j’ai supposé l’existence ». Il confie à Lou que tout est resté « plein d’intérêt de ce qu’il était autrefois », en déplorant le manque d’un « certain écho », en lien avec le recours à sa carapace protectrice, se représentant « cette différence, comme de mettre ou non la pédale ». Ajoutant qu’il n’est pas musicien. Une pédale douce atténuant le son, à l’instar d’une carapace protectrice, d’où son « insensibilité » au fur et à mesure de la nécessité de mettre le symbolique en sourdine. Une nouvelle « palette sonore »11 modulant la tonalité des mots, pour tenir la mort et sa menace à bonne distance.

Silence et temporalité lacanienne

La poésie de Celan joue sur la réduction, le rien jusqu’à ne plus rien dire, au silence, en allemand : au verstummen : le plus en plus silencieux, de même Beckett finit par ne dire presque plus rien. Autre définition du Point-d’orgue célanien, qui œuvre aussi à prolonger la durée d’un silence. Dans l’après crise du Coronavirus, le temps viendra de se mettre à l’unisson de la temporalité lacanienne : « Là quelque chose d’autre demande à se réaliser..qui apparaît comme intentionnel, certes, mais d’une étrange temporalité. Ce qui se produit dans cette béance, au sens plein du terme « se produire» se présente comme la trouvaille..»12. A rebours de « l’éternel retour du même »13, titre d’un livre que Modiano trouve dans une librairie, les derniers vers de Corona : «..Il est temps que la pierre se décide enfin à fleurir, Que batte un cœur à l’inquiétude. Il est temps que le temps advienne : Es ist Zeit, dass es Zeit wird. Il est temps : Es ist Zeit »

1 Son second recueil de poèmes : Mohn und Gedächtnis (Pavot et mémoire 1952), Gesammelte Werke, I, 37, traduit par Valérie Briet, Christian Bourgois, 1987; Il a été écrit à Vienne en 1948 et dédié à Ingeborg Bachmann

3 Miller Jacques-Alain, Nouvelle série, L’Hebdoblog N°198, « La séance d’analyse », 5 Avril 2020

4 Bollack Jean, Poésie contre poésie, Paris, Presses universitaires de France 

5 Kiefer Anselm et la poésie de Paul Celan, de Andrea Lauterwein, Editions du Regard, p89

6 Lacan J., « Télévision », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 509.

7 Miller J.A, http://jonathanleroy.be/2016/02/orientation-lacanienne-jacques-alain-miller/Jacques-Alain Miller, « Un effort de poésie », Deuxième séance du Cours du J.A Miller, Mercredi 20 novembre 2002, p 16

8 Cairn.info/revue-clinique-méditerranéennes-2009-1-page 49.htm

9 Lettre de Freud à Lou Andreas-Salomé le 10 Mai1925, cairn.info/revue-psychologie-clinique-et-projective-2005-1-page-289 htm

10 Teboul David, s’appuyant sur des images d’archives et la correspondance de Freud, Arte jusqu’au 4/06/2020

11 Christophe, 2010, À voix nue sur France Culture, « Christophe le miraculeux attrapeur de sons », 1. La palette sonore : « Je préfère être dans un endroit magique avec moins de technique, mais une émotion différente »

12 Lacan, Le séminaire livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil 1973, p 27

13 Modiano P, Souvenirs dormants, nrf, Gallimard, 2017, p 56

DES ROBES ET DEROBADES par Brigitte Lehmann

DES ROBES ET DÉROBADES
13 Avril 2019 OrientationL’Hebdo-Blog 169 Par Brigitte Lehmann

La Religieuse de Jacques Rivette [1], fidèle adaptation du roman La Religieuse de Diderot, sort en 1967.
Auparavant, la rumeur circulait d’une menace contre l’ordre moral, le milieu catholique s’insurgeait contre la parution de cette adaptation qui « diffamait la vie religieuse » et sous la pression d’associations religieuses, le film fut censuré alors même que personne ne l’avait vu. Cette affaire prit une ampleur nationale. Il fut finalement encensé lors du Festival de Cannes, André Malraux, alors ministre de la culture ne s’y étant pas opposé, après avoir vu la lettre ouverte dans Le Nouvel Observateur de Jean-Luc Godard l’interpellant et le rebaptisant « Ministre de la Kultur » ! Puis autorisé aux plus de 18 ans. Cette restriction sera levée seulement 20 ans plus tard.
La mère de Suzanne charge un religieux de lui annoncer que Monsieur Simonin n’est pas son père ; elle s’en doutait et sa mère lui déclare sans égard que « la seule faute qu’elle a commise dans sa vie » est de lui avoir donné naissance. Des mots qui vont percuter son corps, tels un signifiant délétère qui peut sceller le destin d’un être. En se débarrassant de cette fille illégitime qu’on ne peut marier car sans dote, elle lui fait comprendre qu’elle devra indéfiniment expier cette « faute » qu’elle lui impute, et ce en implorant sa vie entière son pardon à Dieu et en demeurant enfermée dans un couvent, où on « l’emmène de force », évoquant un ravage au pied de la lettre[2].
Lors de la cérémonie de son engagement religieux, on la pare, comme une mariée, elle s’écrie pourtant qu’elle n’a « aucune vocation ». La robe ressemble à une robe de mariée, un habillage qui voile l’impossible à supporter. Elle croit en Dieu, n’abandonne pas sa foi mais l’ennui au couvent l’accable, et elle se dit être appelée à autre chose.
On peut distinguer 4 temps dans cette tragédie.
1er temps (1ère mère supérieure bienveillante)
Elle ne restera pas longtemps dans ce couvent, avec cette religieuse mystique, débordante de compréhension et de compassion.
2e temps (2e mère supérieure implacable et intégriste)
Dans une scène violente, devant la mère supérieure offusquée, elle hurle sa volonté de partir du couvent, en arrachant sa robe de religieuse qui lui colle à la peau, sinistre simulacre imposé et orchestré de l’extérieur par sa mère (et son beau-père), destiné à la lier à Dieu à jamais malgré elle. Un autre habillage dérisoire dans ces circonstances, ne faisant – pour elle-même – nullement office de semblant, ni même de masque mais d’un semblant d’être vacillant par absence radicale de soutien ou de parole d’amour. Elle tente par cet arrachement, cet « à bas les masques », ces faux-semblants, de se dé-rober à l’emprise, comme elle aurait pu le faire lors de la cérémonie première. Elle joue là à son insu une scène de noces funestes avec la jouissance maternelle, cette jouissance de l’Autre pouvant la faire passer pour folle, et qui la submerge.
Elle tente par ce geste, de ne pas se résoudre au sacrifice, de ne plus se conformer au diktat maternel, de se déprendre de cette demande destructrice et de destituer l’Autre de sa position de toute puissance.
Elle s’oppose aussi à une mascarade qui consisterait à se « livrer à toutes sortes de procédures sacrificielles, de dévouement, de modestie » [3].
Suzanne Simonin va subir une série de tourments moraux et physiques, de sévices, persécutions et humiliations diverses, orchestrés par les religieuses.
Elles la laissent là, sans possibilité de se laver, usant de leur pouvoir sur le corps qu’elle a, recouvert de haillons sales, dans un dépouillement total, vidant sa cellule de tout meuble, la réduisant ainsi à un être de déchet gisant sur le sol. Dans un déversement turpide de haine sans limite, elles la traitent de « Satan, Satan », dans une sorte de projection mortifère, en miroir à la projection maternelle. Suzanne déambule hagarde dans les couloirs en proie à une errance la maintenant dans une jouissance du ravage maternel, itération d’un illimité dont elle jouit, rasant les murs, pétrifiée, dévastée (autre nom du ravage). À la fois affamée et diffamée. Les religieuses, nappées dans leur sadisme, lui disent qu’elle « ne mérite pas de vivre », et lui crachant dessus, la réduisent à ce crachat. Cette parole fait écho aux signifiants maternels sous la férule desquels elle est tombée, lui ordonnant de vivre dans la privation, cloitrée dans un couvent afin d’expier sa « faute » jusqu’à la fin de ses jours, celle d’avoir soi-disant fortement perturbé la vie de sa mère par sa seule existence. Et ce ravage maternel d’autant plus exacerbé, que l’on peut supposer que la fonction paternelle incarnée par son beau-père n’a pas suffi à exercer un point d’arrêt à l’aspect déchainé du désir maternel délétère.
Ces mots – ne pas mériter de vivre – venant redoubler l’aliénation maternelle, font tomber le sujet et tendent à l’abolir en tant que parlêtre.
Suzanne commence à se sacrifier, à se plier aux injonctions des religieuses et de la mère supérieure : positionnée à genoux, implorant le pardon de Dieu, à plat ventre telle un objet sacrifié lors des offices. On pourrait se poser la question si Suzanne n’opère pas ici une tentative de mascarade (cf. note 3), en faisant semblant cette fois-ci (sans pour autant être dans le registre des semblants) de se soumettre ; ou bien si son être atterré ne se rapproche pas plutôt au plus près de ce déchet, à terre. Cette seconde supposition attesterait la manière dont elle s’est inscrite dans le désir de l’Autre. Le ravage se situe à la place que le sujet tient dans le désir de l’Autre. Le rejet de cet Autre maternel réel, s’énonçant comme « la seule faute commise de t’avoir donné naissance » [4], fragilise cette place dans le langage même. Suzanne se voit ravalée à un statut d’objet-déchet. Mais le champ du désir maternel apparaît aussi sans limitev[5], ce que Lacan nomme aussi son « caprice ». Néanmoins, elle se lance à corps perdu dans une ultime quête de liberté et avec l’aide d’un avocat, fait appel contre ses vœux forcés, afin de s’extraire de cette vie carcérale et devenir une femme libre, un sujet de droit, un sujet féminin reconnu en tant que tel.
Une illégitimité qu’elle combat sans répit et à laquelle l’interdit premier révélé par sa mère ainsi que celui de la diffusion du film de Rivette font écho.
3e temps (3e mère supérieure lesbienne et débauchée sexuellement)
Une violence d’un autre ordre par une tentative de séduction d’ordre sexuel exercée par une mère supérieure qui veut « connaître toutes ses pensées ».
4è temps (équivalents du ravage par l’homme)
Le premier homme, un prêtre dans lequel elle semble se reconnaître, dans la mesure où, comme elle, il refuse cette destinée religieuse et lui propose de s’enfuir avec elle. Hélas il la trompe quant à ses velléités de la sauver en se sauvant avec elle du couvent, et en tentant brutalement, à peine arrivés au lieu de leur refuge, de la séduire sexuellement. Peu après une période d’errance et d’abus, elle se retrouve dans un bordel, masque sur les yeux, où elle est livrée à la sexualité brute et sans limite de plusieurs. Quand soudain, à bout, elle se jette par la fenêtre, objet déchet du ravage initial par la mère, qui s’est décliné dans une série en quatre temps d’une répétition mortifère.
Elle n’aura pas trouvé sa voi(x)e, ni dans la foi, ni dans le mysticisme, ni dans la sexualité car elle n’en veut rien savoir et demeure exilée du sexe comme du vivant du corps. Elle aura buté contre un réel traumatique indépassable. Suzanne n’a pas pu exister par rapport au dit maternel mortifère [6]. Une mère qui n’a pas paré au manque structurel de « substance » [7] chez la fille. Au contraire elle l’a entériné. Dans le cas présent, on se trouve aux antipodes d’un recours possible à l’Autre maternel dans la quête d’un plus d’être, on est et on demeure dans un moins d’être radical.
Faute d’une suppléance par le père, Suzanne aurait pu trouver une équivalence ou une identification dans la figure du prêtre, s’il avait été digne de confiance. Suzanne ne parvient pas à se déprendre des signifiants initiaux qui ont percuté son corps, et elle reste assujettie à leur poids, rivée à l’injonction maternelle d’expier sa faute commise d’être née. La solution lui paraissant comme la seule possible, est de passer à l’acte en succombant à cette jouissance morbide. Elle est dévastée [8], enchaînée à ce destin funeste, sans plus aucun recours, « hilflos ». C’est un « pillage » sans limite et son unique voie de sortie, le seul geste de « liberté » qui lui reste, est de se suicider en se jetant par la fenêtre qui s’ouvre sur un trou noir par lequel elle chute et rejoint son être de déchet. À l’inverse de La Religieuse de Diderot qui restera cloîtrée jusqu’à sa mort, même si celle-ci a pu dire que dans les couvents, « il y a des puits partout » [9], faisant ainsi écho aux notions de chute mélancolique, d’ignorance, d’aveuglement et de folie, mais sans atteindre ce point ultime acté au pied de la lettre dans le film de J. Rivette.
[1] Rivette J., Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot, film sorti en salles en 1967.
[2] J.-A. Miller rappelle les racines étymologiques communes à « ravage » et « ravir » : « Le mot ravage est un dérivé de ravir. Le verbe ravir est lui-même un surgeon du latin populaire rapire, un verbe qui veut dire saisir violemment, et que nous avons dans le rapt. Cela veut dire qu’on emmène de force, que l’on emporte. » (Miller J.-A., « Un répartitoire sexuel », La Cause freudienne, n°40, Paris, Navarin/Seuil, janvier 1999, p. 15.)
[3] « En ligne avec Lilia Mahjoub », La Cause du désir, n°81, Paris, Navarin éditeur, juin 2012, p. 13.
[4] « le ravage provient d’un défaut qui a touché […] la parole ». C’est en ce sens que le ravage se repère dans un premier temps chez Lacan, dans l’économie phallique. La « relation mère-enfant est d’emblée située dans le champ du symbolique » (Brousse M.-H., « Une difficulté dans l’analyse des femmes : le ravage du rapport à la mère », Ornicar ?, n°50, Paris, Navarin, 2003, p. 97 et 98.)
[5] Le champ du désir de la mère « comporte une zone obscure, non saturée par le Nom-du-Père, et comme telle sans limite définie » (Ibid., p. 98.)
[6] « Car le propre du dit, c’est l’être […]. Mais le propre du dire, c’est d’exister par rapport à quelque dit que ce soit ». (Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore (1972-1973), texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1975, p. 93-94.)
[7] « l’élucubration freudienne du complexe d’Œdipe, qui y fait la femme poisson dans l’eau, de ce que la castration soit chez elle de départ (Freud dixit), contraste douloureusement avec le fait du ravage qu’est chez la femme, pour la plupart, le rapport à sa mère, d’où elle semble bien attendre comme femme plus de substance que de son père, – ce qui ne va pas avec lui étant second, dans ce ravage ». (Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 465.)
[8] J.-A. Miller précise : « Le ravage, c’est quoi ? C’est être dévasté. Qu’appelle-t-on dévaster une région ? C’est lorsqu’on se livre à un pillage qui s’étend à tout. Pas au sens du gentil petit tout bien complet. Un pillage qui s’étend à tout sans limites […]. Le mot ravage est en effet très bien choisi du côté femme. Lacan l’emploie encore dans une expression, qui a été beaucoup glosée, quand il parle du ravage de la relation mère-fille – toujours du côté femme ». (Miller J.-A., « Un répartitoire sexuel », op. cit., p. 15.)
[9] https://www.franceinter.fr/emissions/affaires-sensibles/affaires-sensibles-25-juillet-2018
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